Les Emblèmes

Les arbres dans les livres d’emblèmes

Dans les emblèmes, différentes sortes d’arbres marquent leur forte présence : l’olivier, la vigne, le palmier, le baume, le chêne. Ce dernier est d’ailleurs récurrent puisqu’il représente la force. Tous ces emblèmes en général tendent à figurer une symbolique chrétienne.

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Ainsi, nous pouvons distinguer deux stratégies qui peuvent d’ailleurs s’associer.
Tout d’abord, tel ou tel arbre peut être intrinsèquement porteur de sens, d’une symbolique. Alciat se sert par exemple de l’olivier qui représente la déesse Pallas, reconnue pour sa pureté, sa prudence, sa virginité et surtout sa sagesse. On ne doit par conséquent pas négliger le choix des arbres parce qu’ils ont une symbolique propre.


Cependant, la plupart des emblèmes montrent une véritable mise en scène de cette nature. L’arbre fait sens placé en situation. Le vent est par exemple une entité qui fonctionne régulièrement avec l’arbre. Ce vent (souvent représenté par une tête d’ange qui souffle devant un nuage) vient mettre l’arbre à l’épreuve. Il peut symboliser un Dieu qui exerce son châtiment comme chez Georgette de Montenay  : l’arbrisseau représentant l’humilité chrétienne ne souffre pas de ce souffle qui vient briser l’arbre plus imposant et donc orgueilleux. A contrario, les maux et tourments peuvent aussi se retrouver à travers la figure du vent. Alciat montre la force du chêne qui, tel Charles Quint et donc, le chrétien par excellence, reste droit face à l’adversité.

 

illustration 12 Augustin Chesneau effectue un parallèle entre la sève du baume et le Saint Sacrement. Il y a alors une matérialisation de Jésus-Christ dans cet arbre et la sève du végétal devient métaphoriquement le sang du fils de Dieu. On observe également une tension entre corporel et spirituel car la sève médicinale soigne le corps et le Saint Sacrement, l’âme.

Il y a véritablement une volonté éducative dans ces emblèmes. Le but est de laisser imprimer dans l’esprit du lecteur les enseignements chrétiens. Le texte et la gravure agissent de concert. Certains auteurs travaillent particulièrement l’articulation entre les deux. Georgette de Montenay intègre des citations de l’Ecriture Sainte dans les gravures elles-mêmes. On voit ici la volonté de forcer l’œil à prendre en compte le texte puisque celui-ci devient partie intégrante de l’image. L’économie générale de l’emblème participe aussi à la volonté d’ancrer une morale religieuse. Les gravures circulaires rappellent la forme de la médaille. C’est bel et bien la vertu mémorative qui est recherchée par l’intermédiaire d’une telle technique.
Ces emblèmes correspondent à la pensée humaniste de l’époque puisque, qu’il soit vertueux, pécheur, arrogant ou humble, c’est finalement l’Homme qui est présent à travers l’arbre.



Guillaume de Prat et Coline Gombaud