Selon Creuzer, le lotus est sacré pour les Egyptiens puisqu’il cache les secrets des Dieux. Dans La Mythologie des Plantes, Gubernatis explique que le lis a, pour les Occidentaux, la même valeur que le lotus pour les Orientaux. De plus, le lis semble avoir des origines mythologiques. Par ailleurs, dans la légende catholique, le lis est associé à saint Antoine, le protecteur des mariages. Le lis, d’après ses origines mythologiques et catholiques, véhicule donc des valeurs positives. Par ailleurs, le lis est récurrent sur les écussons, notamment sur ceux des rois de France et il est souvent associé à la ville de Florence.
La gravure sur cuivre, extraite de Paraphrase des litanies de Notre Dame de Lorette, représente un lis à trois fleurs : la Vierge sort de celle du milieu. Rappelons que le lis est effectivement l’emblème de la virginité et, ici, la tige à trois fleurs signifie que « Marie a été vierge avant, pendant et après son enfantement ». Ainsi, c’est le paradoxe de la Vierge qui est exprimé, ici. Dans la religion, Marie a enfanté tout en restant, paradoxalement, vierge. De plus, il convient de remarquer une ligne qui suit la direction indiquée par la main de Dieu. Il s’agit, de la représentation d’une transmission : celle de la pureté. Pour finir, il est intéressant de constater qu’un petit serpent tombe du nuage des jeunes filles pieuses. Il est possible qu’il soit la représentation de la chute du Mal et, par conséquent, la victoire du Bien.
Le lis peut véhiculer certaines qualités morales, bien souvent liées à la religion. Dans l’Iconologie ou explication nouvelle de plusieurs images…. l’image intitulée « Pudicité » présente une jeune fille tenant une fleur de lis dans sa main gauche. Son visage est voilé et, à ses pieds, se trouve une tortue. Tout comme la tortue ne peut ôter sa carapace, la femme ne doit plus quitter sa maison. Il s’agit probablement d’une jeune épouse, cachant son visage sous un voile blanc, couleur de la pureté. Le lecteur comprend, implicitement, l’idée de fidélité absolue. La jeune femme ne peut ni voir réellement ni être vue. Ainsi, cette iconologie met en images vertus et qualités dont doit disposer une jeune femme du XVIIe siècle. Il faut souligner qu’il existe bon nombre de gravures dans le même esprit.
Emblems Divine and Moral, écrit par Francis Quarles, propose une gravure sur cuivre, réalisée par Johnson et faisant référence au Cantique des Cantiques. (2, 16). Cette gravure met en scène un ange, une jeune fille et des lis placés au premier plan. La jeune fille est entourée par ces fleurs ; il semble donc que ce soit elle que les lis qualifient. Notons également les croisements analogiques des deux personnages. Est, ici, transcrite l’idée d’une communion entre les deux êtres, comme le confirme le chiasme suivant : (« Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui ». Si le Cantique des Cantiques est une histoire amoureuse entre Salomon et Sulamite (ou Salomite), il s’agit, ici, d’une histoire d’amour avec Dieu. La demoiselle a donc pour désir d’épouser le Christ : c’est un thème fondamental de la dévotion dès le début du XVIIe siècle.
Le lis rouge symbolise la cité de Florence – la ville des fleurs en latin - parce que la ville se serait établie sur des terres abondamment fleuries. Ainsi, il est nommé la « fleur de lis florencée ». Le lis existe à toutes les époques et dans toutes les civilisations, puisqu’on le retrouve aussi bien sur des tiares, des colliers, des sceptres où cette fleur semblait déjà jouer le rôle d’attribut royal. Même s’il représente habituellement une fleur de lis, un trident ou bien une pointe de flèche, il s’agit surtout d’une figure stylisée qui fut employée comme décoration, comme emblème ou comme marque de propriété dans toutes les civilisations, depuis le IIIe millénaire avant notre ère.
Virginie Rose et Lucile Dubocage