Symbolique

Les plantes dans la mythologie classique.

Dans l'iconographie (statuaire, peinture) et dans les figurations littéraires de la mythologie (d'Homère, Hésiode, Sappho, Pindare à Théocrite, Callimaque et les épigrammes de l'Anthologie, puis à Virgile, Ovide ou les romanciers et sophistes comme Longus), les plantes apparaissent sous quatre modes principaux, susceptibles d'interprétations allégoriques, d'ordre esthétique et éthique :

- les qualificatifs typiques : Aurore aux doigts de rose, Muses aux yeux de violette, à la voix de lys, Aphrodite et Grâces couronnées de violettes, Dionysos porteur de lierre ou aux cheveux ornés de grappes. Les plantes sont alors remarquables par la couleur, l'odeur, et, la forme : chacune désigne, de façon imagée, un paradigme sensoriel qui en fait le prototype de la blancheur, de la pureté, de la noblesse, etc, et un élément de comparaison traditionnel, comme chez Sappho:

"Telle est la pomme sucrée qui rougit tout au bout de la branche / la plus haute de l'arbre, oubliée par les cueilleurs de pommes - / non, ce n'est pas un oubli, le fruit est resté hors d'atteinte", trad. Ph. Brunet, et fr. 30 L.-P. : "puissent les jeunes filles / une nuit entière chanter … / ton union avec l'épousée au sein fleuri de violettes !" (fr. 105a L.-P.).

- les attributs de puissances dont elles symbolisent le domaine de compétence, une qualité, un épisode biographique : Dionysos, la vigne, le lierre, le roseau, la sève des arbres ; Aphrodite, l'anémone, le myrte, la rose, le safran, la jacinthe, la violette ; les herbes magiques de Circé, Calypso, Médée ; Déméter, les céréales ; Perséphone, le narcisse, la grenade ; les chênes de Zeus, à Dodone ; l'olivier d'Athéna ; la pomme d'Éris - Discorde ... Les notations végétales forment ici un système, structuré comme un langage symbolique.

- des lieux : prairies d'Éros, jardins d'Aphrodite, bois d'Artémis, "pré de l'Asphodèle", aux Enfers, éternel printemps de l'Âge d'or ... Ainsi, l'herbe fleurie qui sert de couche nuptiale à Zeus et Héra, Iliade XIV, v. 347 sqq. : "Sous eux, la terre divine fait naître un tendre gazon, lêtos frais, safran et jacinthe, tapis serré et doux, dont l'épaisseur les protège du sol. C'est sur lui qu'ils s'étendent, enveloppés d'un beau nuage d'or, d'où perle une rosée brillante" (trad. P. Mazon). Ainsi, le jardin des Phéaciens, Odyssée VII, ancêtre du locus amoenus classique, ou le fr. 2 de Sappho :

"Viens, de Crète, me retrouver au temple / saint, au bois sacré, délicieux, où poussent / tes pommiers, où sur les autels l'encens qui / brûle s'exhale ! // Une eau fraîche bruit dans les branches lourdes / de leurs pommes, tout ombragé de roses / est ce lieu, et du frémissant feuillage / glisse le somme. // L'herbe où vont paissant les chevaux se pare / des premières fleurs du printemps, les brises / soufflent doucement … // Là, Cypris, prenant … / verse, avec tendresse, dans l'or des coupes, le nectar mêlé à la joie des fêtes, / tendre mélange !"

- enfin, les personnages métamorphosés, au dénouement d'un récit étiologique : Narcisse, Hyacinthe, Iris, Mintha, Myrrha, Syrinx, Daphné. Nos sources sont ici souvent plus tardives, d'une époque où la mythologie, moins liée aux cultes et rites, devient matériau conventionnel, mode topique de création artistique, ou objet archéologique, dans les Métamorphoses d'Ovide, la Description de la Grèce de Pausanias, les Fables d'Hygin, la Bibliothèque historique du Pseudo-Apollodore, les Images de Philostrate.

Michel Briand