Les Jardins

L'art des jardins

L'importance du végétal dans l'art des jardins et ses conséquences

Définir le jardin

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Chaque individu porte en lui-même une définition du jardin qu'il rapporte à ses souvenirs, à son éducation, à sa culture, à sa religion, à son savoir etc. Contrairement à d'autres objets culturels, et notamment par rapport aux objets architecturaux, le jardin peut être savant (jardin botanique), utilitaire (potager, verger), ornemental ou d'agrément. Il vise un ou plusieurs objectifs d'ordre politique (jardin royal), social (promenade plantée, jardin ouvrier), économique, ludique, pédagogique, esthétique….





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Pourtant un élément réunit tous ces lieux dans une même catégorie. Marie-Hélène Bénetière définit ainsi le jardin : c'est un « espace organisé, généralement clos, indépendant ou associé à un édifice, comportant des végétaux d'utilité ou d'agrément cultivés en pleine terre ou hors sol. Créé à partir d'une modification plus ou moins profonde du site naturel, le jardin qui répond à des fonctions d'utilité ou d'agrément, se caractérise par son tracé, son relief, sa couverture végétale et son traitement de l'eau» Ainsi le végétal, ordre qui regroupe tous les êtres vivants non animaux, est l'élément permanent et fondateur du jardin. Le jardin est une composition culturelle et naturelle : il est le résultat de la marque que l'homme veut imposer au vivant. Cette spécificité détermine sa forme, sa permanence, son usage, sa temporalité, notamment du fait du rythme de sa végétation.



 



Des plantes aux jardins : le détour de la botanique

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Dessiner un jardin c'est donc avant tout travailler le végétal : importer sur un espace défini des espèces que l'on juxtapose de manière artificielle, tailler, forcer, imposer un développement structuré aux arbres, dessiner des parterres, des bordures, regrouper les plantes selon leurs couleurs ou leur utilité.

La Renaissance illustre bien ce phénomène : la curiosité des hommes de cette époque les pousse à inventorier les richesses horticoles du monde connu en réunissant dans un même lieu toutes les espèces végétales utiles pour l'humanité. Les premiers jardins botaniques apparaissent en Italie : à Pise en 1543 puis à Padoue en 1545, enfin, en France à partir de 1593 à Montpellier. Guy de la Brosse, médecin de Louis XII et créateur du jardin du Roi à Paris (futur Jardin des Plantes), justifie ainsi son projet de jardin: «  Sire, les plantes sont à la médecine ce que la pierre, le mortier et le bois sont en l'architecture »

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On collectionne d'abord pour étudier les plantes médicinales mais également pour transmettre une science nouvelle en plein essor : la botanique. Ceci va de pair avec la publication de traités illustrés dans lesquels on représente de manière la plus réaliste possible les végétaux que l'on nomme, décrit, décortique, classifie.


Des traités de botanique au traité d'art des jardins, il n'y a qu'un pas. Le végétal, qui tient une place majeure dans la définition même du jardin, devient alors l'élément central de ces traités illustrés qui proposent tout à la fois une sélection d'espèces, des usages spécifiques, des formes variées, un entretien particulier.

Clémentine Albertoni