Mythologie

La rose

La Rose dans la mythologie grecque

Contrairement à Narcisse ou Hyacinthe, la rose dans la mythologie grecque n’est pas sujet de métamorphose. Toutefois, son symbolisme est très fort et l’on peut relever de nombreuses occurrences de cette fleur dans les textes littéraires. La rose est alors présente en tant qu’attribut divin d’Aurore ou Eos, divinité grecque chargée d’ouvrir au char du Soleil les portes du ciel.


La plus célèbre mention de la fleur est sans aucun doute l’épithète homérique dans l’Iliade:« Quand le soleil se coucha et que les ténèbres survinrent, les Achéens s’étendirent près des amarres du vaisseau ; et quand parut, fille de la brume, l’aurore aux doigts de rose (rhododáktylos) , ils gagnèrent la haute mer pour rejoindre le vaste camp achéen. » (Livre I, 478- 482. Traduction par Eugène Lasserre).

Il s’agit pour Homère d’une formulation figée que l’on retrouve aussi fréquemment dans l’Odyssée, où elle est d’autant plus significative qu'elle souligne l’importance du passage des jours dans les aventures racontées. « De son berceau de brume, aussitecirct que sortit l’Aurore aux doigts de roses, j’envoyais de mes gens au manoir de Circé pour rapporter le corps de défunt Elpénor, tandis que, sans tarder, nous jetions bas des arbres. » (Livre XII, 1-4. Traduction par Victor Bérard)


 



Ovide également, dans ses Métamorphoses, associe la rose à la déesse Aurore que ce soit à l’occasion du récit de la mort de Phaéthon : « Voici que du côté de l’Orient qui s’éclaire la vigilante Aurore a ouvert sa porte empourprée et son atrium tout plein de la couleur des roses. » (II, 113. Traduction par Georges Lafaye) ou dans le discours de Céphale : « Qu’il me soit permis de dire la vérité , sans offenser cette déesse ; que son visage de rose ait tout pour charmer, […] » (VII, 706)

L’influence de la poésie grecque a donc permis l’essor de la figure de la rose ; elle est traditionnellement associée à l’amour, la beauté et la fertilité depuis Sapphô; (VIIe siècle av. J-C) : Le temps des Amants [94] Adieu « […] les couronnes, souvent, de violettes et de roses ensemble, de crocus, dont tu ornais ton front, près de moi, […] » Traduction par Yves Battistini [96] Comme la princesse Anactoria est belle ce soir ! « […] Maintenant parmi les femmes lydiennes elle resplendit Comme, après le soleil Couché, la lune aux doigts de rose [ …] La rosée alors en gouttes de beauté est éparse, S’épanouissent alors les roses et le délicat cerfeuil Et le mélilot parfumé. […] » La cité, les dieux [53] « Pures Charites bras-de-roses, à moi, filles de Zeus ! » Jusqu’au romancier Achille Tatius (II-IIIe siècle) dans Le roman de Leucippé et Clitophon : « Si Zeus avait voulu donner aux fleurs un roi, c’est la rose qui règnerait sur les fleurs. Elle est la parure de la terre, la gloire des plantes ; elle est l’œil des fleurs, la rougeur de la prairie : c’est la beauté dans tout son éclat ; elle respire l’amour, elle est messagère d’Aphrodite ; elle est fière de ses pétales odorants, s’enorgueillit de ses feuilles frémissantes, sa feuille rit au Zéphyr. » (Traduction par J-P Garnaud)

 



Dans la mythologie, la naissance de la rose serait l’œuvre de la nymphe Chloris (ou Flore pour les romains), épouse de Zéphyr, qui devient alors la déesse tutélaire des fleurs (Ovide, Fastes, 5, 193-228). Celle-ci aurait en effet fait naître la rose du corps sans vie d’une nymphe ; à cette fleur Aphrodite aurait donné la beauté tandis que Dionysos y aurait déposé le nectar, d’où la fleur tire son parfum. Les trois Grâces auraient ajouté le charme, l’éclat et la joie. Enfin, Apollon l’aurait couronnée reine des fleurs. Quant à la couleur rouge de la fleur, diverses explications sont données. Pour Ovide, Vénus en accourant près d’Adonis mourant se serait piquée le doigt à une épine de rose et son sang aurait ainsi donné sa couleur rouge à la fleur, blanche à l’origine. Pour d’autres, c’est Cupidon qui colore la fleur en renversant accidentellement son verre de vin sur elle.

Aurore Lestienne