La mise en page du texte imprimé est à l’origine très semblable à celle des manuscrits. Elle acquiert peu à peu ses caractéristiques propres au cours des XVe et XVIe siècles. Certains emprunts aux manuscrits sont conservés, comme, par exemple, les lettrines gravées, faites sur le modèle des lettres ornées des enluminures médiévales, mais les marges ne sont plus décorées, le texte est de plus en plus aéré et de nouveaux ornements apparaissent : culs-de-lampe, bandeaux, en-tête.
Par souci d’économie, les ornements sont pour la plupart gravés sur bois. Leur dessin n'est en général pas très soigné car il est plus difficile d'obtenir un trait fin à partir du bois que du métal ; de plus, le bois se déteriore vite. La gravure sur cuivre est en général réservée aux éditions les plus soignées, aux livres qui ne sont pas d’un usage courant.
Les ornements typographiques sont réalisés par des graveurs qui fournissent souvent à plusieurs imprimeurs des ornements très semblables. Un même ornement est utilisé plusieurs fois dans différents livres. Il n’y a en général en effet pas de rapport entre le contenu d’un livre et son ornementation : un même motif peut être utilisé dans des livres traitant de sujets très différents.
Le végétal est employé comme ornement autour d’un motif principal, par exemple comme cadre autour d’une scène, ou comme motif central : des bouquets, une guirlande… Il peut apparaître également dans des scènes historiées, par exemple dans le paysage.
Durant toute l’époque moderne, l’élément végétal est très présent dans l'ornement du livre. Il peut être stylisé ou semblable à son modèle naturel : dans un même livre, ces deux types de représentation coexistent souvent. L’inscription d’un ornement dans un courant artistique précis est en général difficile à établir, mais le style des ornements évolue, en lien avec les goûts artistiques propres à chaque période.
Au XVIe siècle, existent des rinceaux très fins comme des lettrines grossières . Bouquets et guirlandes peuvent être seuls. Ils apparaissent aussi sur des éléments architecturaux quand les pages de titre sont construites comme des façades de monuments ; il est alors difficile de dire s'ils sont un élément architectural ou simplement végétal : il y comme un jeu de l’artisan sur le rapport entre réalité et représentation. Au début de l'époque moderne, beaucoup de motifs suivent le goût antique, conformément à la mode du temps, avec des rinceaux très riches et habités de grotesques, de figures humaines et animales, qui rappellent les peintures romaines : ceux-ci subsistent au XVIIe siècle.
Au XVIIIe siècle, nombreux sont les végétaux stylisés en des motifs très géométriques . Parallèlement, grâce à une meilleure connaissance scientifique du végétal, à l’amélioration des techniques de gravure et au goût de l'époque pour la nature, se répandent, comme dans la reliure du début du siècle, des végétaux fidèles à la réalité.
La connaissance de ces ornementations est encore très partielle, bien que ces dernières soient très utiles à l’histoire du livre et de l’édition, notamment pour identifier un imprimeur ou un libraire. Pour faciliter les recherches, des bases de données conséquentes voient peu à peu le jour, notamment en Suisse et en Belgique.
Anne-Sophie Durozoy