La Reliure

La reliure estampée

Le décor estampé

illustration 17 reliure estampée

Sur le livre, l'art de la dorure proprement dite (à la feuille d'or) n'apparaît en France que vers la fin du XVe siècle et ne devient courant qu'au milieu du XVIe siècle. Auparavant, le décor de la couvrure de cuir est une "dorure à froid", c'est-à-dire sans apport de matière. Il est la simple empreinte produite à l'aide d'instruments chauffés. Le décor s'inscrit en lignes droites, parallèles, diagonales, encadrements. Il occupe toute la surface et tend à la remplir.

illustration 18 reliure estampée

En dehors des plaques qui offrent une mise en scène où des éléments évoquent un paysage, la présence végétale sur la reliure estampée est d'ordre plus ornemental que descriptif. Rameaux, palmes, fruits, feuillages, fleurons tréflés, fleurs isolées en petits fers ou inscrites dans des rinceaux, une suite de losanges, de cartouches, tous ces fers offrent plus souvent un corpus de lignes végétales stylisées que des plantes, fruits et fleurs identifiables.

 


illustration 19 reliure estampée


On peut facilement hésiter à voir dans ces courbes et ramures l’évocation d’une plante plutôt qu’une arabesque abstraite. Le "gland" de certaines plaques appartient-il au chêne ou à la passementerie ? "L’ananas" de quelques roulettes est-il simple graphisme, ou bien l'image du "plus excellent fruit de l’Amérique", comme le dit Jean de Léry , connu dès le milieu du XVIe siècle par des récits de voyage, mais dont le savant Jardin des hommes de Jean-Baptiste de Vilmorin n’atteste l’apparition en France qu'à la table du Roi Soleil?

Sur un volume conservé couché, les tranches retiennent elles aussi l’attention du décorateur. Elles reçoivent souvent un titre, un décor peint et parfois une ciselure dont certains motifs sont également de source végétale.

Jean-Pierre Bonnet