Dans les marques de libraires et d’imprimeurs, le lys peut apparaître sous deux formes :
le lys stylisé, le plus fréquent, et le lys naturel, que l’on reconnaît à
sa longue tige et à ses fins pétales. Quel que soit son aspect, il peut avoir une fonction
ornementale comme symbolique.
Les lys de Florence sont pour la plupart très travaillés (bien que certains aient pour motif central un simple lys héraldique français) et sont accompagnés d’autres fleurs au naturel (rose, chardon, fleur de lys…), qui varient d’une marque à l’autre, même pour un unique libraire. Ce type de lys peut être utilisé en référence à la ville de Florence : Pierre Cavellat a pour enseigne « à l’écu de Florence » ; mais il peut être choisi pour remplacer un lys simple par un motif plus riche : Horace Cardon a pour enseigne « à la fleur de lys » et Pierre Ballet (Lyon ; 1515-1527) a pour marque, selon les cas, un lys de Florence ou la Vierge à l’Enfant : le lys symbolise donc probablement chez lui la Vierge.
Le lys héraldique simple est très souvent utilisé dans les armes de la famille royale.
Celles-ci apparaissent dans les marques des imprimeries des membres de cette famille, pour
l’imprimerie royale, nationale ou pour les imprimeurs du roi. Elles sont également
utilisées dans les marques des libraires dont l’enseigne fait référence
aux écus de France ou des membres de la famille royale : Charles Osmont, à la fin du XVIIe
siècle, utilise un écu à trois fleurs de lys surmonté d’une couronne,
dans le collier de l’Ordre du Saint-Esprit, et a pour enseigne « à l’écu
de France ».
Le lys héraldique simple est aussi utilisé comme symbole royal, mais sans référence à la famille de France. Il peut apparaître sur des couronnes, pour illustrer une enseigne qui en mentionne une.
Les fleurs de lys peuvent apparaître sur des enseignes « aux armes de la ville » de Paris : la marque comprend alors un bateau avec un bande fleurdelisée au dessus de lui.
Le lys héraldique peut également être simplement décoratif , dans des ensembles végétaux par exemple ou sur des bateaux, comme dans la marque de Horace Boissat et Georges Remeus en 1661.
Comme le lys de Florence, le lys héraldique est fréquemment utilisé dans un écu flanqué d’un ou deux lions, de deux putti ou de deux femmes, qui ont parfois un attribut. Ces éléments permettent de bien mettre en valeur la figure héraldique.
Le lys naturel peut être choisi pour illustrer une enseigne au lys. Il est alors porteur de la
symbolique traditionnellement liée au lys. C’est le cas pour
Elie Josset .
Gilles Beys met trois lys naturels dans sa marque et a pour enseigne « Au lys blanc » ; sa
devise étant « Casta placent superis », le lys est employé pour évoquer
la pureté, l’intégrité.
Le lys naturel peut être utilisé en référence à la fleur royale : Fleury Bourriquant (que son prénom a peut être amené à choisir une fleur comme enseigne) (1606-1627) a pour enseignes « au lys florissant » et « aux fleurs royales » et utilise une touffe de fleurs de lys arrosée par une main sortant des nuages.