Les Marques de Libraires et d’Imprimeurs

La rose dans les marques de libraires et d’imprimeurs

illustration 6 marques la roseEn France, dans les marques de libraires et d’imprimeurs, la rose, que l’ on reconnaît à ses pétales superposés les uns sur les autres, est surtout décorative, mais il arrive cependant qu’elle soit le motif principal.

Ornementale, elle peut se trouver dans des bouquets ou des cornes d’abondance, plus ou moins fidèle à la réalité selon les cas. Elle est souvent difficile à distinguer au milieu des autres fleurs, tant le motif est petit et peu précis : il est probable que la plupart des lecteurs ne relèvent pas sa présence. Mais François Babuty, en 1736, utilise une rose aisément identifiable.

 


Les autres fonctions de la rose

Les roses peuvent avoir des fonctions décoratives variées : chez les libraires Anisson et Posuel (Lyon), elles accompagnent le lys de Florence ; chez Marc Orry, une rose se trouve dans le décor qui entoure le motif principal.

illustration 7 marques la roseDans bien des cas, cette fleur est choisie pour illustrer une enseigne « à la rose », ce qui permet parfois au libraire de s'approprier une valeur morale liée à la rose. Avec l’enseigne « à la rose blanche », Charles Roger, en 1588, a pour marque une rose entre deux campanules, au centre d’une couronne d’olivier.

Dans d’autres cas, la marque illustre la devise. François Didier, en 1577, a pour marque une branche de rosiers en fleurs avec des épines très apparentes. Sa devise est « dulce et amarum » et fait écho à l’une des propriétés attribuées à la rose à l’époque ; elle peut être douce avec les bons comme intraitable avec les mauvais.

 


document c marques la roseLa rose peut être utilisée en référence au Christ. En effet, les épines de la rose rappelant la couronne d’épines du Christ, elle est traditionnellement une image de la Passion. George I Josse (1627-1678) a pour enseigne « à la couronne d’épines » et pour marque une rose portant au centre une couronne d’épines avec le monogramme du Christ. Chez Claude Rey, en 1690, la devise « in spinis collige rosas » (parmi les épines cueille la rose) se trouve au milieu d’une couronne d’épines, mais aucune rose n’est figurée.

Certains choisissent la rose en référence à leur nom de famille. Dans ce cas, les rosiers occupent l’essentiel de l’espace de la marque. C’est le cas de Denis Roce ou de Germain Rose (1528-1538), à Lyon, qui a choisi pour marque trois roses ouvertes et deux en bouton dont les tiges sont liées par un serpent.

Il est des cas où c’est la symbolique morale classique liée à la rose qui est mise en évidence dans la marque sans que la devise ou l'enseigne y fasse explicitement référence. Mathieu Guillemot II à Paris peut avoir pour marque un rosier entre deux tiges d’ail, image que l'on trouve dans certains livres d'emblèmes et qui traduit la volonté de tirer l'ail du voisinage du médiocre, de la volonté de faire toujours mieux.

Anne-Sophie Durozoy