Introduction

Herbiers et marges

Les herbiers et les marges des manuscrits médiévaux

illustration 1 herbier
La botanique était à l’origine une discipline médicale. Dans l’Antiquité déjà, on utilisait les plantes pour leurs vertus thérapeutiques. Le mot herbier désignait alors essentiellement les livres dans lesquels étaient décrites et représentées les plantes, le plus souvent celles dotées de propriétés médicinales.

 


Les herbiers antiques

illustration 2 herbier
Parmi les recueils illustrés les plus anciens, l’œuvre du philosophe naturaliste grec Théophraste (372-287 avant J.C), l’Historia plantarum, qui comporte dix volumes dans lesquels il classa près de 500 plantes, est particulièrement notable.
Quelques herbiers antiques sont encore connus de nos jours. L’un des plus anciens est le Dioscoride de Vienne, conservé à la Nationalbibliothek d’Autriche, que la princesse byzantine Juliana reçut en cadeau en 512. C’est une compilation de six ouvrages pharmacologiques et scientifiques, d’herbiers, de petits traités de médecine et d’un traité d’ornithologie. Une Artemisia absinthium y est notamment représentée, elle était réputée avoir un effet apaisant sur les maux de ventre. Conservés à la Bodleian Library d’Oxford, le Pseudo-Apuleius Herbarium, du XIe siècle, et le Pseudo Dioscorides Herbarium, de la fin du XIe siècle, associent plantes et médecine.

 


Plantes et drôleries

Tout au long du Moyen Âge, la reproduction de la flore n’est pas réservée aux seuls ouvrages scientifiques. Les enlumineurs l’utilisent aussi pour décorer les manuscrits, qu’ils soient profanes ou religieux. Ils ont probablement puisé largement dans les herbiers pour y trouver des sources d’inspiration, s’en servant comme des cahiers de modèles. C’est aux XIVe et XVe siècles que les marges des codex sont les plus travaillées. Dans les livres d’heures, livres de prières pour les laïcs, au XIVe siècle, les artistes font preuve d’imagination pour associer plantes et drôleries. Ce sont des personnages ou des animaux , imaginaires ou non, qui habitent les marges. Ils logent, jouent, se cachent dans cette végétation luxuriante, donnant l’impression de se moquer du lecteur en train de prier.


illustration 4 herbier Au XVe siècle, les drôleries sont moins présentes et laissent place à la flore . A l’aurore de ce siècle, les ramilles d’acanthe, feuille dont la forme avait été utilisée dans l’enluminure romane, réapparaissent dans les marges. Ce siècle affectionne aussi des motifs comme la pâquerette, le fraisier, la bourrache, le rosier, le mouron, la véronique, le bleuet, l’ivraie, la pensée, le chardon, le myosotis, la pervenche, l’œillet et quelques autres fleurs de pure fantaisie. L’imprimerie apparait ensuite et l’enluminure disparait peu à peu car elle est trop coûteuse. Certains livres imprimés copient les marges des manuscrits mais l’imagination débordante de l’ornemaniste ne brille plus. Les herbiers sont imprimés, ce qui permet une plus large diffusion.



Annick Bayzelon